Efficacité d’une formation : pourquoi 90% des formations sont oubliées en quelques semaines et comment y remédier ?
Introduction
La formation professionnelle est un, si ce n’est « le » levier essentiel pour le développement des compétences des collaborateurs. Pour autant, à quoi tient l’efficacité d’une formation : s’agit-il du fond de la formation, la substantifique moëlle retenue par le stagiaire, ou bien d’autre chose ? La question se pose car de nombreuses études montrent qu’une grande partie des connaissances acquises lors des formations tend à s’évaporer très vite.
Ce phénomène naturel d’oubli, de plus en plus documenté, soulève une problématique majeure pour les entreprises : comment s’assurer de l’efficacité d’une formation afin qu’elle produise un impact réel et surtout durable ? Dans cet article, nous allons donc analyser les raisons de cet oubli rapide généralisé et étudier des stratégies éprouvées pour le contrer au mieux.
Pourquoi oublie-t-on ?
Pas si loin en arrière, au 19ème siècle, le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus a mis en évidence un phénomène appelé la courbe de l’oubli. Ses recherches démontrent que sans révision ni consolidation, nous perdons environ 50 % des informations apprises en l’espace d’une heure, et 90 % des connaissances en quelques semaines seulement.
Une déperdition qui s’explique par le fonctionnement tout à fait cohérent de notre cerveau : il supprime les informations qu’il considère inutiles pour libérer de l’espace cognitif. Ainsi, une information qui n’est pas réutilisée ou renforcée par des rappels va être classée comme d’importance moindre, et sera progressivement effacée au profit d’une autre dont la fréquence d’usage est supérieure.
Un contexte logique dans lequel des facteurs aggravants peuvent même accentuer encore la vitesse d’oubli : trop d’informations en trop peu de temps (massed practice), mise en application du nouveau savoir insuffisante ou trop tardive, contenu théorique trop éloigné de la réalité du terrain ou encore formation passive sans sollicitation suffisante du collaborateur dans la transmission.
Les erreurs courantes qui accélèrent l’oubli et nuisent à l’efficacité de la formation
Une densité mal maîtrisée constitue l’erreur la plus fréquente. Les « gros blocs » de formation, étalés sur plusieurs journées entières, peuvent donner une impression d’efficacité en immergeant totalement les stagiaires dans l’objet de la formation. Il est pourtant plus que probable qu’au-devant de la masse d’informations à retenir, le stagiaire en soit contraint à prioriser des informations et donc, nécessairement, à en sacrifier d’autres.
En parallèle, nous retrouvons un phénomène moins souvent abordé mais tout aussi impactant : l’illusion de l’apprentissage. Beaucoup de stagiaires sortant de formation peuvent sincèrement penser avoir bien assimilé les concepts abordés, alors qu’en réalité leur mémorisation est superficielle. Une simple présentation ou un cours magistral ne favorisent pas l’implication du stagiaire, ce qui en cascade ne permet pas la sauvegarde à long terme de l’information dans le cerveau.
Enfin, la dernière erreur la plus fréquente est liée au manque de suivi post-formation. Sans rappel de l’apprentissage, sans accompagnement hiérarchique sur le sujet et/ou sans opportunités d’appliquer ses nouvelles connaissances sur le lieu de travail, le stagiaire est contraint de faire vivre par ses seuls souvenirs les résultats acquis en formation, ce qui va invariablement conduire à leur effacement.
Comment améliorer l’efficacité d’une formation ?
Ancrer durablement les connaissances
Fort heureusement, il existe différentes façons de procéder pour améliorer de façon durable la rétention des informations. L’une de ces méthodes est le microlearning (micro-apprentissage en bon Français), qui consiste à proposer des capsules d’apprentissage courtes et ciblées sous forme de vidéos, quiz ou infographies interactives. Cette approche fonctionne très bien car elle est facile à consommer (notamment sur mobile), réduit la charge cognitive immédiate avec une faible quantité de nouvelles informations, et assure une meilleure durabilité du souvenir via une segmentation efficace.
Dans un second temps, il est préconisé d’appliquer le principe d’apprentissage espacé (spaced practice), qui part du postulat que répéter une même information à intervalles croissants améliore la mémoire à long terme. Par exemple : donner une nouvelle information au collaborateur le jour J, rappeler rapidement cette information à J+3, revenir dessus de façon plus approfondie à J+7, consolider la connaissance avec un cas concret à J+15.
Par ailleurs, dans l’idée que pratiquer permet de mieux retenir, l’apprentissage actif s’inscrit également dans cette dynamique d’ancrage mémoriel. Les recherches montrent que l’on retient bien mieux une information lorsqu’on est soi-même l’acteur de sa mémorisation, ce qui garantit davantage l’efficacité d’une formation. Il peut s’agir d’études de cas pour appliquer immédiatement les notions apprises, de jeux de rôle et simulations en situation réelle ou encore d’incitations des collaborateurs à reformuler et expliquer eux-mêmes les concepts.
Enfin, il est également efficace d’inclure des tests ou autre quiz. Le fait de se confronter régulièrement à des épreuves de connaissances pousse à l’application de l’information et en ce sens aide le cerveau à renforcer ses connexions neuronales. Autre point positif, c’est relativement simple à mettre en place : auto-évaluations après chaque module de formation, quiz ludiques en guise de rappels post-formation, voire véritables challenges entre équipes pour favoriser l’apprentissage collectif.
Technologie et rétention des connaissances pour optimiser l’efficacité d’une formation
S’il est bien un sujet technologique qui bouscule la société actuelle, c’est l’avènement de l’intelligence artificielle. Citée à longueur de journée et corrélée à tous les champs d’application possibles et imaginables, l’IA ne manque pas l’occasion de s’introduire également dans le milieu de la formation et propose à ce titre de nombreuses fonctionnalités susceptibles de renforcer la mémorisation et l’efficacité d’une formation : personnalisation du parcours de formation en fonction des besoins individuels des stagiaires, ajustement automatique de la difficulté en fonction du niveau réel du collaborateur, génération de supports et de tests au regard des progrès de l’apprenant. Les possibilités sont légion !
Par ailleurs, des outils dédiés à l’apprentissage espacé se développent régulièrement pour renforcer la mémoire à long terme. On y retrouve des fonctionnalités pratiques comme la programmation automatique des révisions, des interactions facilitées avec des formats courts et ludiques, ou encore l’adaptation du contenu numérique selon le niveau de mémorisation. Quelques exemples tels que Anki, Quizlet ou Brainscape permettent de se forger une idée des possibilités.
Enfin, la dernière opportunité issue de la technologie est la décorrélation de la formation à une notion de calendrier fixe. Nous l’avons vu un peu plus haut, pour maximiser son efficacité l’apprentissage doit être continu et intégré aux pratiques professionnelles. Pour ce faire, il convient d’encourager la mise en place des pratiques de learning on demand, le partage de connaissances transversal entre collègues, ainsi que la mise en place de feedback dédiés à la mémorisation à long terme.
Conclusion : Pourquoi 90% des formations sont oubliées en quelques semaines et comment y remédier ?
L’oubli est un phénomène naturel qui n’a rien de négatif, puisqu’il tend à protéger le cerveau d’un surplus d’information et nous aide en même temps à nous concentrer sur l’essentiel. Toutefois, il représente bien une gêne lorsque nous n’opérons aucun contrôle et que l’information touchée par l’oubli est précisément celle que nous voulions protéger.
Heureusement, l’oubli n’est pas une fatalité, et nous pouvons aujourd’hui plus que jamais orienter notre cerveau pour choisir ce que nous voulons conserver. A l’aide de différentes stratégies efficaces comme la répétition espacée, le micro-apprentissage et l’apprentissage actif, la rétention d’information se trouve améliorée spécifiquement pour les sujets en lien avec les formations suivies.
De plus, les outils digitaux de notre époque s’avèrent suffisamment puissants et interconnectés pour assurer aux entreprises non seulement une rétention forte des connaissances acquises en formation, mais également une montée en compétences de leurs collaborateurs durable et exploitable.